Page:Variétés Tome III.djvu/63

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en foule l’Italie, l’Angleterre, l’Allemaigne, la Flandres, la Hirlande75, et tous les religionnaires du royaume, pour y habiter comme en un lieu de refuge asseuré, et, partant, si grande abondance de maneuvres de toutes sortes, d’ouvriers à mestiers, que les vrais regnicolles ont esté frustrés de leur travail : c’est la première raison.

La seconde, la permission de tenir boutique sans chef-d’œuvre et la trop grande quantité de maistres par lettres76.

La troisième et la plus forte, c’est qu’à present il se trouve en court de petits partisans quy font la fonction et la charge de mille mestiers : car ils fournissent à la noblesse tous les jours à changer : chapeau, fraize, colet, chemise, bas de soie et souliers, en rendant les vieux, à quatre escus par mois77, et partant ils sont cause du peu de travail, du labeur et du gain de mille maistres de boutiques.

Mais de mepriser notre temps pour cela, tant


75. Sur les Irlandois qui encombroient Paris et y bélistroient de la plus dangereuse manière à la fin du XVIe siècle, V. notre Histoire du Pont-Neuf, Revue franç., 1er octobre 1855.

76. Les chanceliers Poyet et de l’Hôpital avoient essayé de supprimer les confréries ; mais ils n’y étoient pas parvenus. De leur tentative, toutefois, étoient restés quelques abus, que signale De Mayer dans sa Galerie du XVIe siècle, t. 2, p. 363. Celui dont il est parlé ici, et qui tendoit à exempter du chef-d’œuvre et des autres épreuves l’artisan voulant devenir maître, étoit du nombre. Les maîtrises, comme on le voit, pouvoient s’obtenir par simples lettres.

77. Au XVIIe siècle, nous trouvons un trafic de la même espèce, une façon pareille de se tenir à la mode par abon-