Page:Variétés Tome IV.djvu/279

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cher au vif, amenèrent les Poulles en tesmoignage pour decider cette querelle. Les plus novices remirent cela au conseil des plus experimentées, tant pour s’instruire de chose qu’importe leur felicité que pour n’estre deceues à l’election de l’un ou l’autre party.

Les Coqs, resolus à leur accusation, et les Chapons à leurs defences, receurent volontairement les Poulles pour arbitres de leur cause. Les Chapons en avoient une pour leur advocate quy avoit assez de babie, mais trop peu de constance pour maintenir leur cause bonne ; les Coqs en avoient une quy alleguoit tant d’experience pour preuve qu’elle confondoit les bastardes raisons des Chapons, disant qu’elle aimeroit autant estre associée à une poulle, que ses beccades auroient autant de suc, et que, la creste leur manquant, ils avoient quelque autre chose de manque quy servoit de joyau à la feste, et qu’elle estoit deliberée, selon sa coustume, de couver au moins une fois l’an, et qu’elle vouloit un Coq quy put servir de targue3 à ses poussins et resister aux ruyneuses escarmouches du mylan ; et qu’elles avoient prins telle habitude d’estre esveillées trois fois la nuict des chants de son Coq, qu’à peine pourroit-elle dormir six ou sept nuicts entières auprès d’un Chapon quy ne chantoit que peu souvent, encore avec si peu d’harmonie qu’il donnoit plustot de la fascherie que du contentement ; et que le matin le Coq relevoit sa creste comme plein de courage et d’envie de continuer tel resveil, où le Chapon, les aisles baissées,


3. Pour targe, égide, bouclier.