Page:Variétés Tome IV.djvu/293

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——--Pour moy, je m’appelle Climène,

——--Et ma cousine, Philimène10.

Vous jugez bien, Madame, que ce changement de noms vulgaires en noms du monde precieux ne pleurent pas à l’ancien Gaulois ; aussi s’en mit-il fort en colère contre nos dames, et, après les avoir excitées à vivre comme le reste du monde et à ne pas se tirer du commun par des manies si ridicules, il les advertit qu’il viendroit à l’instant deux hommes les veoir qui leur faisoient l’honneur de les rechercher. Et en effet, Madame, peu de temps après la sortie de ce vieillard, il vint deux gallands offrir leurs services aux demoiselles ; il me semble mesme qu’ils s’en acquittoient assez bien. Mais aussi je ne suis pas precieuse, et je l’ay connu par la manière dont ces deux illustres filles receurent nos protestants : elles baaillèrent mille fois ; elles demandèrent autant quelle heure il estoit, et elles donnèrent enfin tant de marques du peu de plaisir qu’elles prenoient dans la compagnie de ces adventuriers qu’ils furent contraints de se retirer très mal satisfaits de la reception qu’on leur avoit faitte et fort résolus de s’en vanger (comme vous le verrez par la suite11).


10. Dans les Précieuses, Madelon prend le nom de Polixène, et Cathos celui d’Aminte. (V. scène 5.)

11. Cette scène ne se trouve pas dans les Précieuses. Elle y est à peu près remplacée par celle qui commence la pièce, et dont mademoiselle Desjardins n’a pas parlé. Faut-il croire qu’elle se trompe complétement, comme elle s’en excuse dans sa préface, ou qu’elle suit le plan que Molière auroit adopté d’abord, et dont il se seroit ensuite départi par crainte des