Page:Variétés Tome IV.djvu/8

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premier père et aux siens, c’est-à-dire à la posterité, quy est nous autres, quy avons herité de la mort par son crime, c’est-à-dire par la seduction d’Eve, nostre marastre, quy s’est servie de sa fragilité pour le rendre serf et assugety par ses blandices à toutes les infirmitez du monde.

De là le mariage eust son commencement6,
Cruel, injurieux7, plein de commandement,
Que la liberté fuit comme son adversaire,
Plaisant à l’abordée à l’œil doux et riant,
Mais quy, sous beau semblant, traistre nous va liant
D’un lien que la mort seulement peut deffaire.

Les femmes sont du naturel des sergents : quand elles veulent attraper quelques uns, elles font bien les douces et traictresses ; puis, estant prins, elles peuvent bien dire : Nous tenons le couïllaut dans nos retz attrapé.

Puis, estant logé à la valée de Misère, il doit la foy et hommage en tiltre de relief à sainct Innocent, à sainct Prix8, et sainct Mar, ribon, ribeine, sans pouvoir desdire, où le plus souvent il faut

Languir toute sa vie en obscure prison9,
Passer mille travaux, nourrir en sa maison


6. C’est la 6e stance.

7. Var. : Tyran injurieux.

8. On disoit alors : « Il est de Saint-Prix, il est marié. » (Oudin, Curiosités françoises, p. 494.) Quant à saint Mar, comme on écrit ici, en faisant suivre son nom du refrain ribon, ribaine, on faisoit aussi de lui le patron des maris, très marris, comme dit Molière.

9. La 11e des stances de Des Portes.