Page:Variétés Tome IX.djvu/115

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tournans le dos à la masle dignité du nom françois et de la magnanimité chrestienne, ont voulu que l’on traictast avec l’estranger4.

Aucuns d’eux mesmes ont esté tellement pippez, que, se deffians d’eux-mesmes et de l’assistance celeste, ils se sont rangez avec eux, et de vrais et naturels François qu’ils estoient, ils se sont lachement bandez contre la propre France. Qu’ils prennent tel masque qu’ils vouldront, ils ne se sçauroient sauver que l’on ne les repute pour estre tombez en deffiance de la bonté de Dieu.

Voire mais, ne taxons point. Bien peu d’entre nous se trouveront qui, par l’apparence humaine, ne fit jugement que se rendre du costé des reistres c’estoit suyvre le party le plus fort, une armée estrangère de trente à quarante mil hommes, despouillée de toute humanité, ne respirant que le ravagement de cest estat, secondée des intelligences que le party huguenot et de noz chrestiens à simple semelle avoit pratiqué en France, estoit bien pour affoiblir les forces de la France, et renforcer l’ennemi de nostre France.

Ne faisons point des vaillans et des trop asseurez ; nous nous trompons nous mesmes si nous nous voulons coucher pour avoir esté sans peur. Ceste grande et efformidable force nous effrayoit seulement dès qu’elle estoit delà le Rhin. Elle le passe, elle donne jusques au cœur de la France. On fait


4. Il en avoit été en effet question dans le conseil du roi, et l’auteur de cette pièce, aussi hostile à Henri III qu’il est favorable aux Guise, ne pouvoit oublier de le dire.