mine de luy faire teste, elle gaigne pays. Desja se promettoit la conqueste de ce très florissant royaume françois ; desja ces brodes6 se partageoient entre eux nos despouilles, dissipoient cest estat françois, y batissoient leurs tudesques colonies, et pour combler la France d’infelicité, luy vouloient ravir ce beau lys de très-chrestienté, pour y planter la cigüe d’atheisme, d’huguenotisme, d’impiétée et heresie. He ! pauvre peuple françois, où estois-tu ? Tu ne perdrois point seulement la franchise françoise, mais aussi ta foy chrestienne.
Tu allois souffrir la tyrannie de l’estranger. Lorsque tu es aux abbois de perdre cœur, et que l’Alemand bransle son estendard au milieu de tes terres, voicy le Dieu du ciel qui te veult apprendre qu’il ne t’a jamais perdu de veue, qu’il t’a gardé, qu’il a eu pitié de toy ; il nous a mis à l’esperance, non point pour nous perdre, ains pour ce que noz pechez ont attiré sur nous sa juste indignation. Le reistre nous a la pistole sur le gosier ; il ravage notre France ; elle est tellement bigarrée, que tant de milliers de François qui l’habitent, à peine s’est trouvée une poignée de François qui ait voulu combattre ceste volée de voleurs estrangers.
Le roy a eu des forces ; quelque partie de sa noblesse l’a assisté, mais cela estoit-ce pour opposer à ces Tudesques ? Ce grand et valeureux prince monseigneur le duc de Guyse avoit quelques troupes, mais qui n’esgalloient de beaucoup près en nombre celles des estrangers ; toutes fois, comme jamais la
5. Pour Bruder, frère, comme ces soudars s’appeloient familièrement entre eux.