Page:Variétés Tome IX.djvu/120

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ennemie ; il sembloit qu’ils se roidissent d’avantage contre leur desconvenue.

Cependant monseigneur de Guyse se retire à Dourdan, et envoye à Estempes prier et louer Dieu par les Eglises de la grace qu’il luy avoit faict d’avoir eu un si grand heur à la desconfiture de ces reistres, ce qui fut faict mardy au matin par une grande messe chantée avec le Te Deum laudamus8. À peine fut parachevée l’action de grace, que nouvelles vindrent que les reistres, esperdus au possible de l’eschec que mon dit seigneur venoit de leur livrer, s’acheminoient droict à Angerville9 pour prendre deliberation de ce qu’ils devoient faire ; et là faisoient estat d’y sejourner le mercredy vingt cinquiesme de novembre lendemain de la deffaicte d’Aulneau ; mais ils entendirent que mon dit seigneur de Guyse avoit volonté de les aller combattre, mesmes esventerent qu’il estoit party d’Estempes avec ses forces.

Ce qui leur donna un extreme allarme, s’atten-


8. Le peuple chanta des Te Deum à sa manière. Dans le Premier Recueil de toutes les chansons nouvelles, tant amoureuses, rustiques, que musicales (1590, in-16) se trouve, fol. 9, Cantique chanté à la louange de M. le duc de Guyse, sur la victoire qu’il a obtenue contre les Reistres. Le même recueil contient trois autres chansons sur le même sujet.

9. Angerville, sur la route d’Orléans, chef-lieu de canton du département d’Eure-et-Loir, est à cinq lieues au sud-ouest d’Auneau. Ils y étoient venus tout fuyant pendant la nuit, après avoir brûlé ce qui les gênoit, et avoir pris leurs lansquenets en croupe. (Lettres de Pasquier, t. II, p. 302.)