De cruauté et d’injustice,
Pour paroistre ses serviteurs
Ils font les sacrificateurs.
Ce Moloce les a pour prestres13 ;
Il arme de couteaux ces traistres
Pour immoler sur ses autels,
Non des bestes, mais des mortels.
Le vieux tyran des Arsacides
A moins commandé d’homicides
Que ce moderne Phalaris,
Ce monstre entre les favoris.
Son œil farouche et sanguinaire
S’allume dedans sa colère ;
Ses regards sont d’un bazilic ;
Sa langue a le venin d’aspic,
Elle sert d’arme à sa malice,
Elle couvre son injustice,
Et mesle la douceur du miel
À l’amertume de son fiel ;
Et sa parole est infidelle
Autant que sa main est cruelle.
Il ne perce qu’en caressant,
Il n’estouffe qu’en embrassant,
Il flatte lors mesme qu’il tüe,
Et son ame n’est jamais nüe.
Il deguise ses actions,
Dissimule ses passions,
Compose son geste et sa mine.
13. Var. : Ils sont ses sacrificateurs,
Ce bourreau les a pour ses prestres.