Page:Variétés Tome IX.djvu/14

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Le demon à peine devine
Le mal qu’il cache dans son sein ;
Il lit à peine en son dessein.
Il ayme les lasches finesses,
De perdre malgré ses promesses,
De lancer soudain dans les airs
La foudre, sans bruict, sans esclairs,
De faire esclater un orage
160Lorsque le ciel est sans nuage.
Il est meschant, il est trompeur,
Il est brutal, il est menteur ;
Ses baizers sont baizers de traistre.
Il n’est jamais ce qu’il feint d’estre,
Il trompe par tous ses discours,
Et s’il traitte avecque des sourds,
Il les deçoit par son visage,
Contrefaict le doux et le sage,
Leur sousrit, leur presse les mains,
170Et par des conseils inhumains,
Faict après tomber sur leur teste
Une formidable tempeste.
Si les reynes l’ont en horreur,
Il pleure pour gaigner leur cœur,
Il les combat avec leurs armes,
Et lors qu’il verse plus de larmes,
Il leur prepare une prison,
Et, s’il est besoin, du poison.
Ses pleurs sont pleurs de crocodille,
180Qui menacent de la Bastille,
Qui, pour venger des desplaisirs,
Causent des pleurs et des souspirs.
Son ame prend toute figure,