Page:Variétés Tome IX.djvu/139

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lis4 qui ne ressent que paix et amitié, j’ay plus de reputation entre les bons François que toy avec ta casaque rouge plissée à la turquesque.

Guillaume. Tes parolles et ton habit demonstrent la capacité de ta cervelle et de ton beau jugement, qui est tout radouté5, ramenant par tes devis les vieilles neiges du grand hyver passé.

Bon-homme. Et les tiennes, Guillaume, procedant de ta cervelle pleine de follie, sont vrayes frivolles, badineries et discours qui ressent la bave comme les devis ordinaires des petits enfants.

Guillaume. Tout beau, Bon-homme ! tu es cause de ma misère ; ne te mocque de moy, car on s’amuse à tes lettres, qui, comme follies, courent les rues de Paris, et moy on me laisse passer sans me dire, comme on souloit : « Monsieur Guillaume, qu’avez-vous de nouveau ? » Ainsi parloient à moy nos bons seigneurs de la cour, devant ces querelles d’Allemand.

Bon-homme. Ne te fasche non plus que moy : nous serons doresnavant aussi contens l’un que l’autre. Je croy que tu n’es non plus envieux de ma condition que je suis de la tienne. Voylà la paix, par la grace de Dieu, remise en la France6 : tu seras comme devant aussi bien receu en ton estat de caymandier que devant ; on prendra doresna-


4. Sur ce genre d’étoffe, dont on faisoit les habits des pauvres gens, V. t. VII, p. 99.

5. C’est-à-dire qui radote.

6. Le 15 mai 1614, la paix avoit été faite entre le roi et les princes par le traité de Sainte-Menehould.