Page:Variétés Tome IX.djvu/154

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Le Gentilhomme.

Ô bien, c’est donc un marché fait. Mais escoutez, je ne puis encor vous donner de l’argent si tost.

La Femme.

Monsieur, j’en aurions pourtant bien affaire ; des marchands à qui j’en avons promis viendront bien tost en demander : il ne faut pas qu’ils viennent en faute, il faut faire leur somme.

L’Armurier.

La la, tre-dame, hé mes amis, Monsieur est honneste Gentilhomme, il ne nous manquera pas au temps qu’il nous promettra ; il est trop honneste homme, il ne voudroit pas le faire.

Le Gentilhomme.

Non pardieu, j’en serois bien marry : ce que je vous promets, je le vous tiendray, foy de Gentilhomme.

La Femme.

Au moins, Monsieur, si vous nous manquez, vous serez cause que je demeurerons honteux, et que les marchands ne nous amarons[1] plus rien.

Le Gentilhomme.

Asseurez vous en ma parole, je ne vous manqueray point. Adieu.

  1. Idiotisme chartrain pour ne nous livrerons plus rien. Amar est un mot celtique qui se retrouve dans le bas breton, et dont, par une extension de sens, on a fait le verbe amarrer. (Falconnet, Mém. de l’Acad. des Inscript., p. 10.)