Page:Variétés Tome IX.djvu/158

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monde, je ne feusse pas entré à vostre farme, vous regardez de trop près les pauvres gens.

Le Bourgeois.

Mon amy, je ne te faits point de tort, je ne te demande que ce qui m’appartient ; encore faut-il que chacun vive de son bien ; si les autres ne me payoient non plus que toy, je serois reduit au bissac.

Le Laboureur.

Ô bien, Monsieur, si vous me voulez ruiner, cela depend de vous ; mais pourtant, si vous voulez avoir patience, vous n’y perdrés rien avec le temps ; vos tarres sont bien emblavées, cette année en vaut deux ; encore faut-il que nous vivions les uns avec les autres ; je n’ay pas envie de vous faire rien perdre ; quand vous me consommerez en frais, vous n’en serez pas plustot payé, la justice mangera tout.

Le Bourgeois.

Mon amy, si je pensois pour attendre n’y rien perdre, j’aurois encore patience.

Le Laboureur.

Monsieur, je vous asseure vous n’y pouvés rien perdre ; j’ay encore deux ou trois septiers de tarres de mon propre jouxte les vostres qui vous accommoderont bien, et me les faites valoir ce qu’ils valent, en rabattant sur ce que je vous doy.

Le Bourgeois.

Ah ! bien, mon ami, puisque tu te mets à la raison, tu seras encore mon fermier ; prens courage, tasche à te r’avoir, j’en seray bien aise ; j’ayme mieux m’ac-