Page:Variétés Tome IX.djvu/160

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La Marchande.

À vostre service et commandement, Madame ; et vous aussi, Madame, chez vous se porte t’on bien ?

La Bourgeoise.

Tout se porte bien, Madame, Dieu mercy ! Et vous, madame ? Je viens voir si vous avez point quelque beau satin pour habiller mon mary.

La Marchande de soye.

Jesu, Madame, nous vous accommoderons de tout ce qu’il vous faudra : nous en avons des plus beaux. Tenez, Madame, choisissez.

La Bourgeoise.

Madame, de quel prix est-il ? Encore celui là ne me semble t’il pas tant bon : il m’est avoir qu’il est empezé et qu’il n’a pas beaucoup de lustre.

La Marchande.

Madame, je ne vous ay point voulu faire tant de monstres, à cause que je sçay bien que vous voulez tousiours du meilleur, aussi est-ce là le plus beau qui soit ceans, et ne croy pas qu’ailleurs vous en trouviez de pareil.

La Bourgeoise.

Il m’est avoir pourtant que vous m’en avez baillé autresfois de meilleur ; celui-là n’est qu’à deux poils[1], et j’en voudrois bien à trois ; il me fasche

  1. On disoit d’une étoffe de soie, peluche, velours, ou satin, qu’elle étoit à deux ou trois poils, selon le nombre