Page:Variétés Tome IX.djvu/161

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pourtant d’aller chez un autre, car quand j’ai accoustumé une personne, je n’aime pas à changer.

La Marchande de soye.

Madame, il y a trop longtemps que nous vous fournissons pour commencer à vous tromper ; vous pouvez vous asseurer en moy comme en vostre propre sœur : quand ce seroit pour moy mesme, je ne pourrois pas mieux choisir.

La Bourgeoise.

Eh bien, Madame, combien le voulez vous vendre ? Encore qu’il ne soit pas beaucoup à ma fantaisie, je seray bien aise d’en sçavoir le prix.

La Marchande.

Madame, je le vendray dix francs.

La Bourgeoise.

Jesu ! Madame, dix francs ! C’est bien là du satin à dix francs ! J’en ay veu à ma cousine la Conseillère qui estoit bien plus beau, et qui n’avoit garde de luy couster le prix que vous me le faites.

La Marchande.

Madame, il va de la marchandise à tout prix. Il y en a qui font quelquesfois bon marché de leur bource ; on ne leur donne pas la marchandise non

    des lignes jaunes marquées sur la lisière. Celles qui en portoient trois étoient les plus belles. Par extension, on disoit pour un vrai brave, en qui se trouvoit l’étoffe d’un courage sans mélange, que c’étoit un brave à trois poils.