Page:Variétés Tome IX.djvu/162

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plus qu’à nous : j’ay le moyen de vous en faire aussi bon marché qu’un autre.

La Bourgeoise.

Madame, je suis d’avis de n’en donner que sept francz, c’est tout ce qu’il peut valoir ; si je croiois qu’il valust davantage, je ne suis point femme à barquigner[1] tant : ce n’est point moy qui regarde pour cinq ou six sols par aulne.

La Marchande.

Madame, ce n’est point moy aussi qui surfaits de tant ma marchandise, encore à une personne comme vous qui payez content ; cela seroit bon pour ces faiseurs de chevissoires[2].

La Bourgeoise.

Et Dieu, Madame, vous leur salez donc bien ?


  1. Barguigner. Ce mot ne se prit d’abord que dans le sens de marchander, qu’on lui donne ici. (R. Spifame, Dicæarchiæ Henrici regis progymnasmata, arrest 224e, et Rabelais, édit. Burgaud, t. 2, p. 68.) On trouve dans une ordonnance de taxe du temps de Charles VI : « Defense aux barguigneurs de barguigner », c’est-à-dire de marchander avant l’ouverture du marché. (Monteil, Traité des matériaux manuscrits, t. II, p. 306, 307.) Il se retrouve dans la 91e des Cent Nouvelles nouvelles, et en anglais to bargain signifie encore marchander. L’origine de ce mot vient, selon quelques-uns, d’une métaphore employée au jeu de l’Oie. (Biblioth. de l’École des Chartes, 3e série, t. II, p. 304.)
  2. C’est-à-dire qui prennent des arrangements pour payer. Chevissoire est ici pour chevisance, qui, en terme de palais, signifioit traité, accord.