Page:Variétés Tome IX.djvu/165

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La Bourgeoise.

Madame, il m’est avis que du drap est plus propre à faire un manteau que du carizi ; mais j’ay si grand peur que vous me donniez de l’estoffe qui se descharge, car quand cela rougit en manteau, cela est grandement laid.

La Drappière.

Madame, asseurés vous en ma parole que je serois bien marrie de vous tromper ; asseurement tant plus le manteau sera porté, et tant plus il sera beau : c’est la plus belle estoffe à l’user que vous scauriés trouver. J’en tromperois bien d’autres auparavant que de m’adresser à vous ; encore, si c’estoit quelque passant, je dirois, mais vous m’en feriez tous les jours des reproches.

La Bourgeoise.

Cette estoffe ne me semble point bien fine ; me la pluvissez vous sus estain[1] ?

La Drappière.

Madame, jamais je ne puisse vendre marchandise, si elle n’est sus estain.

La Bourgeoise.

Mais, Madame, a-t’il une aulne entre deux lizières ? Il me semble le lay[2] moult estroit : quand


  1. L’étain est la partie la plus fine de la laine cardée.
  2. est un vieux mot qui signifie largeur. Il ne s’emploie plus que dans ce sens. Chaque fabrique avoit son pour les draps, c’est-à-dire sa largeur entre les deux lisières. Pathelin demande à maistre Guillaume, pour son