Page:Variétés Tome IX.djvu/183

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

un peu vostre langue ? Voilà de l’ardeur ; elle est bien chargée. Avez vous le ventre libre ?

La Bourgeoise malade.

Nany, Monsieur ; il y a deux ou trois jours que je n’ay esté à la selle ; je suis si recuite dans le corps !

Le Medecin.

Hon ! Comment vostre mal vous a t’il pris ?

La Bourgeoise malade.

Monsieur, cela m’a prise à mon resveil cette nuit ; je me suis trouvée avec un si grand mal de cœur et une si grande douleur de teste, j’estois toute de glace : jamais on ne m’a pensé eschauffer.

Le Medecin.

Hon ! il y a bien là de la repletion d’humeurs. Y a il longtemps que vous n’avez rien veu ?

La Bourgeoise malade.

Monsieur, à la verité, cela m’a un peu tardé plus que de coustume.

Le Medecin.

Hon ! Il ne vous faut pas donner une purgation bien forte, j’aurois peur que vous fussiez empeschée et que cela vous fist tort ; il vous faudra seulement donner un petit lavement[1], et puis après on vous tirera un petit de sang.

  1. Jusqu’au temps de Molière, on le sait, ce fut l’expression admise, le mot propre. Sur la fin du règne de Louis XIV, on s’avisa de le trouver malséant, et il fut