Page:Variétés Tome IX.djvu/193

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C’est une maison bien chanceuse ; ils ont regret au pain qu’on mange ; ce sont les gens les plus mécaniques[1] : seulement mes qu’elle soit relevée, Dieu sçait la vie qu’elle fera, je ne seray pas bonne à donner aux chiens ; j’auray bien fait de la despence. Elle me dira bien : Jesu ! m’amie, vous mettez bien tout à sac, hardy qui rien n’y met ; si vous estiez à vostre mesnage, je ne sçay si vous feriez comme cela ; la, la, m’amie, quelque jour vous chommerez de ce que vous gaspillez. Et si Dieu sait comme nous nous traictons, je n’ay pas seulement le cœur de manger.

Rouline.

Jesu ! qui eust cru que ces gens-là eussent esté comme cela ! Je croyois pour moi que tu y feusses bien à ton aise.

Perrette.

Ma foy, on ne cognoist pas le monde pour le voir : tout ce qui reluit n’est pas or ! Voilà que je prends bien de la peine après elle, et quand j’acquesteray quelque bonne maladie, ils ne me feront pas gouverner, ils ne mettront guières à me mettre dehors ; encore si en ne faisant point de bien, ils ne faisoient point de mal par leurs criries.

Rouline.

Tu fais bien de la dissimulée. Je veux bien que ta maistresse te fasche, mais ton maistre t’appaise

  1. Mécanique, d’après le dictionnaire de Richelet et de Trévoux, se disoit pour un homme bas, vilain, avare. Montaigne (liv. III, ch. 6) avoit employé ce mot dans un sens à peu près semblable.