Page:Variétés Tome IX.djvu/303

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ils esperoient ; la colère les transporte, le desespoir les prend, la rage les saisit, et n’ont devant les yeux que l’effroy et l’espouventement. Ils voudroient bien se recognoistre et former un appel contre ce qu’ils ont contracté et signé, mais le sang de leurs veynes paroist à leurs yeux, mille diables sont devant eux, la misericorde de Dieu, qu’ils ont delaisée, leur eschappe, et les boute-feux des demons enragez sont prests d’executer le decret de l’enfer.

En ces perplexitez et premiers tintamarres, l’Italien monte en hault pour sçavoir l’origine de leur mal ; mais l’excuse qu’ils prindrent fut qu’ils luy dirent qu’ils estoient fachez de ce qu’ils ne pouvoient luy donner de l’argent sitost qu’ils desiroient, parce qu’ils avoient une lettre d’eschange de mil escus à prendre à Lyon, chez Particelles et Sello31, qui avoient fait banqueroute, et que ceste banqueroute estoit la cause de leur deüil. L’Italien leur dit qu’ils ne se faschassent point pour cela et qu’il auroit encore patience.

Mais ce n’estoit pas là où le mal les tenoit, car plus ils retardent l’execution de la volonté du diable leur maistre auquel ils se sont donnez, et avec lequel ils ont contracté par l’entremise de Respuch, negromencien, leur cœur est epoinçonné de fureur, il n’y a partie en leurs corps qui ne sente


31. C’étoient de ces banquiers italiens dont il y avoit un si grand nombre à Lyon dès le temps de François Ier, et qui, après avoir fait leur fortune, vinrent grands seigneurs à Paris. (V. sur la banque de Lyon, notre t. VII, p. 159.) Le Particelle dont il est ici parlé est le père de Particelli d’Emery.