cours de M. de Mantoue, qui, malgré sa protection, se trouveroit livré aux Espagnols et au duc de Savoie ; mon père, dis-je, imagina un moyen de l’amuser les soirs. Le roy aimoit fort la musique ; M. de Mortemart avoit amené dans son equipage un nommé Nyert7, qui la savoit parfaitement, qui
7. Pierre de Nyert, ou plutôt de Niel, musicien de Bayonne, qui, venu jeune à Paris, avoit d’abord appartenu à M. d’Épernon, puis à M. de Créqui, à la suite duquel il étoit allé à Rome. Il y avoit appris la manière de chanter des Italiens, qu’il combina habilement avec celle qui étoit à la mode en France, et se fit ainsi une méthode d’une fort agréable originalité. Il passa pour avoir fait une révolution dans la musique. (Tallemant, édit. P. Paris, t. VI, p. 192.) M. de Mortemart, qui l’avoit amené dans son équipage, étoit premier gentilhomme de la chambre et fut duc et pair en 1633. Au retour de Suse, d’Assoucy vit à Grenoble de Nyert chantant devant le roi. Dans l’Epistre qu’il lui adressa, et qui se trouve parmi ses Poésies et lettres (1653, in-12), il lui dit :
Gentilhomme de maison noble,
Qu’en noble ville de Grenoble
Je vis item, et que j’ouïs
Chanter devant le roi Louis,
Qui vous trouva, chanson chantée,
Digne d’être son Timothée.
Louis XIII le fit son premier valet de chambre, et c’est de Nyert qui charma ses derniers instants : « Quelques jours avant sa mort, dit Onroux dans son Histoire de la Chapelle des rois de France, Louis XIII se trouva si bien qu’il commanda à de Nielle d’en rendre grâces à Dieu, en chantant un cantique de Godeau, sur l’air composé par Sa Majesté. Cambefort et Saint-Martin s’étant mis de la partie, ils formèrent tous trois un concert vocal dans la ruelle du lit,