Page:Variétés Tome IX.djvu/365

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cureur, qui, manquant de pratique durant cette guerre, avoit gagné les champs et volé la Cressonnière ; les autres asseurent qu’il s’est osté la vie pour avoir esté mal recompensé de son maistre, comme il arrive assez souvent que les meilleurs services sont payez d’ingratitude ; les autres enfin protestent que c’est l’amour qui a causé son aveuglement et sa perte, et que cette meurtrière l’a couvert de playes et d’infamie, au lieu qu’elle comble les autres de joye, de gloire et de contentement. Mais ce qui est de plus estrange en cette histoire, c’est que les signes qui paroissent en sa personne font aucunement douter si sa mort est venue de luy ou d’autres. Je dis cecy sans offenser ny interesser personne, et le plus asseuré c’est de laisser l’affaire au jugement de Dieu. Neantmoins l’on juge par les accidens qu’il y a en ce rencontre quelque chose d’extraordinaire. En effet, quelle apparence qu’un corps ensevely depuis quatre mois parmy les immondices, les puanteurs, les charongnes et les ossemens des animaux, ait encore la main palpable, la chair blanche, et les nerfs avec mouvement, si ce n’est par permission de Dieu, qui fait connoistre par ces signes qu’il veut que l’on espluche l’affaire de plus près, et que l’on en examine les circonstances. S’il est vray ce que plusieurs disent avoir veu de leurs yeux, que son bras soit elevé hors de terre, et que sa main piquée d’une lancette ait rendu du sang, sans doute ce sang demande vengeance, et ce bras s’estend pour chastier les coulpables de sa mort. Ce n’est pas d’aujourd’huy que la justice se trompe, qu’elle rend des innocens crimi-