Et les auteurs, dans leurs louanges,
Donnoient au bras de Richelieu
Les miracles du doigt de Dieu.
Non que par ses soins et ses veilles
Il n’ait eu part à ces merveilles,
Et que Dieu n’ait des instrumens
Des plus fameux evenemens ;
Mais la divine Providence
Conduisoit sa foible prudence,
La force des astres divains
Mettoit la force entre ses mains ;
Dieu regloit les causes secondes
Et calmoit la fureur des ondes ;
Il leur faisoit baiser alors
Nostre digue ainsi que leurs bords,
Et la Providence eternelle
L’a destruicte après La Rochelle.
Donnons en la louange à Dieu,
Non pas au nom de Richelieu.
Dans Ré, dans Cazal et Mantoue52,
Qui n’a point veu que Dieu se joue
Des vains et des ambitieux
Qui pensent escheller les cieux ?
Lorsque le Seigneur des batailles
Attaque ou deffend des murailles,
Les foibles domptent les puissans,
Et les nains vainquent les geans.
52. Allusion à la victoire que M. de Thoiras avoit remportée sur les Anglois dans l’île de Rhé, en 1629, et à la belle défense que les François avoient faite à Casal en 1629 et en 1630, et à Mantoue vers le même temps.