Page:Variétés Tome V.djvu/180

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Fit fuir l’empereur, à son grand vitupère,
Dans son propre pays en ravageant son père.
Par sa guerrière main nostre prince, son fils,
Invaincu se fit voir à deux osts desconfits
À Dreux et Montcontour ; et par sa main puissante
Loys, père du peuple, en l’Itale plaisante,
Deffit près Aignadel le camp venitien,

Faisant trembler Venise et reprenant le sien.

Bref, cette main fait tout ce qu’on peut faire et dire,
Et si ce qu’elle fait seule elle peut escrire ;
Elle habille le corps de laine de brebis ;
Mais sans l’ayde d’aucun elle fait ses habits,
Je di ses gands fourchus, qui font qu’elle n’endure
Ni le chaud de l’esté, ny la gourde froidure
De l’hyver glaçonneus. Aussi font-ils fort bien
De la garder de mal, puisque tout nostre bien
D’elle seule despend : ainsi le gand utile
Contregarde la main mesnagère et subtile.

Combien est-il heureux de toucher quelques fois,
Ou plus tôt si souvent, la main blanche et les doits,
Tout à l’aise et loisir, de ces belles pucelles,
De ces fleurs de beauté, de tant de damoiselles !
Je croi, quand est de moy, que cinq cens mille amants,
Pour jouir de cest heur voudroient bien estre gans,
Ne deussent-ils jamais avoir nature d’home.

Il est temps de parler des gans blancs de Vendosme6,


6. « Il suit de là, dit l’abbé Mercier de Saint-Léger dans sa note manuscrite déjà citée, que cette fabrique de gants fins à Vendôme existoit en cette ville dès le XVIe siècle. L’abbé Goujet, dans l’extrait qu’il donne de ce petit poème, n’a pas remarqué ce fait. » Dans les Mélanges d’une grande bibliothéque HH, p. 123, l’on avoit déjà constaté l’existence au XVIe siècle