Page:Variétés Tome V.djvu/181

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Qui sont si delicats que bien souventes fois
L’ouvrier les enferme en des coques de nois ;
On en parle aussi tant que leur ville gantière
Reçoit presque de là sa renommée entière.
Si prisé-je bien plus pourtant les gans romains7,
Qui servent plus aux nerfs que ne font pas aux mains.
Ny le musque indien, ny l’encens de Sabée,
Ny le basme larmens qui pleure en la Judée,
Ny tout l’odorant bois de quoy l’unique oyseau 8
Son sepulcre bastit dessus un arbrisseau,
Ny tout ce que l’Arabe a de senteur, en somme,



d’une fabrique de gants qui avoit pu donner naissance à celle de Vendôme : c’est la fabrique de Blois. « Il est certain, y est-il dit, que l’usage des gants blancs nous est venu d’Italie ; cependant, au XVIe siècle, les gants de la fabrique de Blois en France étoient déjà fort renommés. » Savary (Dict. du. commerce) parle de ces gants de Blois et de ceux de Vendôme. C’étoit, avec Paris, dit-il, la ville où l’on en fabriquoit le plus de son temps.

7. La réputation des gants de Rome se soutint jusqu’à la fin du XVIIe siècle. M. de Chauteloup chargea souvent Poussin de lui en acheter. Le 7 octobre 1646, celui-ci lui écrit à propos d’une de ces commissions « qu’il y a employé un sien ami, connoisseur en matière de gants. » Du tout il a fait un paquet. « Il y en a, dit-il, une douzaine, la moitié pour les hommes, la moitié pour les femmes. Ils ont coûté une demi-pistole la paire, ce qui fait dix-huit écus pour le tout. » Dans sa lettre du 18 octobre 1649 il écrit encore à M. de Chanteloup qu’il lui a acheté de bons gants à la frangipane, c’est-à-dire de ceux qu’on parfumoit selon la mode introduite du temps de Catherine de Médicis par le comte de Frangipani. C’est, dit Poussin, la signora Magdalena, « femme fameuse pour les parfums », qui les lui a vendus.

8. Le phénix.