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Que le soleil au jour, que la rame aux galères.
Les hommes d’à present, qui cognoissent combien
Ils nous font de profit, de plaisir et de bien,
Les honorent aussi de mainte broderie
Faite subtilement, de riche orfevrerie,
De senteurs, de parfums. Les uns sont chiquetés
De toutes pars à jour, les autres mouchetés
D’artifice mignard ; quelques autres de franges17

Bordent leur riche cuir, qui vient des lieux estranges18.



volume déjà cité des Mélanges d’une grande bibliothèque, p. 11 et 121.)

17. Sur ces gants à frange, V. notre t. 3, p. 247. C’étoit un des grands luxes de cette époque. « On lit dans un vieux bouquin imprimé à La Haye en 1604 que les habitants de Cambray, pour recevoir dignement le roi, qui devoit passer par leur ville, eurent l’attention délicate de faire la barbe à un pendu qui étoit exposé aux fourches publiques, et de mettre un gant avec une frange d’or magnifique à une main de bois qui servoit de guide sur le grand chemin de la ville. » (Essai historique sur les modes et la toilette françoise, Paris, 1824, in-12, t. 2, p. 95.)

18. Le meilleur cuir pour les gants venoit d’Espagne. On disoit alors souple comme un gant d’Espagne, proverbe qui a survécu, mais mutilé. (V. Francion, 1663, in-8, p. 63.) L’on disoit, lisons-nous dans les Mélanges d’une grande bibliothèque, loc. cit., « que, pour faire de beaux et bons gants, il falloit que trois royaumes y concourussent : l’Espagne, pour préparer et passer les peaux ; la France, pour les tailler ; l’Angleterre, pour les coudre, parceque les Anglois avoient déjà imaginé des aiguilles particulières pour bien coudre les gants, ce qui est assez difficile. » Du temps de Savary, le proverbe que nous venons de citer n’étoit déjà plus vrai : la France suffisoit pour faire de bons gants.