Page:Variétés Tome V.djvu/250

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mettez deux sols trois liards, quatre sols trois deniers,
Et vos comptes par là seront crus reguliers.

Je suis sur ce chapitre assez bien entendue.

La Jeune.

De votre habileté j’admire l’etendue.
Puissent vos bons avis m’être d’un grand secours
Pour me donner du pain le reste de mes jours !

La Vieille.

Tout ce que je vous dis est simple et naturel.

La Jeune.

Comment ! vous l’entendez mieux qu’un maître d’hôtel.
L’esprit et le genie règnent dans vos paroles,
Et, si l’on s’avisoit d’etablir des ecoles
Où chaque cuisinière aprît à se former,
Vous seriez, j’en suis sûre, en etat d’y primer.

La Vieille.

Je sçai qu’à la faveur du moindre sçavoir-faire
Une fille partout peut se tirer d’affaire ;
Mais pourtant le meilleur, pour avoir le teston6,
Est de pouvoir vous mettre aux gages d’un garçon :
Car, n’ayant point du tout ou peu de compte à rendre,


6. Avoir le teston, tirer le teston, étoit encore le terme consacré pour dire tirer de l’argent, dans le langage des servantes et des valets, quoique le teston fût depuis long-temps une monnoie hors d’usage. On lit dans les poésies du chevalier d’Aceilly sous ce titre, la Clef des bonnes maisons :

Chez certain president à toute heure je vais
——--Et ne le rencontre jamais.