Page:Variétés Tome V.djvu/255

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Plus vous en brûlerez, plus vous aurez de cendre.
Quand on la fait bien cuire, on trouve à la bien vendre.
Ainsi, dans le foyer laissez-la plusieurs jours.
De ces instructions souvenez-vous toujours ;
Méditez, pesez bien ces avis salutaires :
Ils sont judicieux autant qu’ils sont sincères ;
Et, si pour moi quelqu’un eût pris le même soin,
Dans l’art de raffiner j’eusse eté bien plus loin.
Persuadez-vous bien que c’est une imprudence
De faire à chacun part de votre confidence :
Tel aujourd’hui vous ouvre un cœur affable, humain,
Qui pour son interêt vous trahira demain.
J’en ai vu partager par portion egale
Ce qui leur revenoit des profits de la halle,
Et souvent pour un rien, venant à se brouiller,
Par un depit jaloux aller se declarer.
Je ne veux pourtant pas qu’outrant la politique,
Vous vous fassiez haïr de chaque domestique ;
Mais, sans trop vous commettre, entretenez la paix
Et tâchez d’obliger jusqu’au moindre laquais.
On voit dans des maisons certaines gouvernantes
Qui, d’une jeune dame adroites confidentes,
Donnent dans le logis des ordres souverains,
Et font qu’à leur profit tout passe par leurs mains.
Eprise du desir d’une somme un peu haute,
Voulez-vous faire à l’aise une utile maltôte ?
De ces femmes gagnant la tendre affection,
Avec elles toujours vivez en union.
On peut s’humilier et ramper sans bassesse :
Se soumettre à propos est quelquefois sagesse.
Pour moi, dès qu’un chemin me conduit où je veux,
Jamais je ne le trouve indigne ni honteux.