Page:Variétés Tome V.djvu/295

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Surpassoit de deux pieds le plus hault des humains18 ?
Donnez-luy des sonnets, odes ou cenotafes,
Toutes sortes de vers, il les nomme epitafes.
L’esclavon, l’arabic, le turc, le bizantin,
Tout langage estranger, il le tient pour latin ;
Que s’il entend tonner ou faire de l’orage,
Il croit que l’Antechrist vient, et que son bagage
Fait tout ce tintamarre. On le verroit allors,
Priant fort à propos, dire vespres des morts,
Chanter un Te Deum sur un chant pitoyable,
Non pas qu’il ayme Dieu, mais il craint fort le diable.
Mais peut-estre qu’il sçait de l’histoire du temps !
Il vit parmy la cour, c’est là que je l’attens.
Son picotin en main, dites si c’est un homme,
Mais, dites, n’est-il pas un animal de somme,
Puis qu’il jure tout haut que les sept electeurs
Sont indignes de plus creer les empereurs,
Puisqu’ils ont la verolle et que l’on leur apreste
À ce printemps prochain une exacte diette,
Mesmes que l’empereur en est en fort grand soin,
Et que c’est aujourd’huy son plus pressant besoin ?
Neantmoins, on le voit, ce gros asne, ou ce buffle,
En pourpoint de satin decoupé sur le buffle,
Marcher en face d’homme, et crier que le front,
Que la bouche, le nez et les oreilles font
La creature estre homme. Abus, il se mesconte :



18. À la suite de ce vers, il s’en trouve dans le Cabinet satyrique quatre qui manquent ici. Ils rendent la pièce digne du recueil :

Si tu demande à tous si le paillard Ulysse,
Qui chevauchoit partout, n’eut point la chaudepisse,
Si tu crois un miracle, ayant mille putains,
Que pourtant le grand Turc n’eust jamais les poulains.