Page:Variétés Tome V.djvu/342

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que je fais de grands profits ! — Quand tu aurois esté noyé quant et quant eux, il n’y auroit pas eu grand perte, dit la solliciteuse. Un boulanger, prenant la parole pour le meusnier, qui estoit, comme je croy, son compère, dit que cela estoit estrange que l’on blasmoit les personnes les plus necessaires et desquelles on ne se pouvoit passer. Sçay mon9 ! ma foy, dit un relieur ; voilà des gens bien necessaires, mais c’est pour tirer l’argent et ruiner entierement le pauvre peuple. — Que veux-tu dire ? replique le boulanger ; aurois-tu du pain sans eux et sans nous ? — Nous en donnes-tu, luy dit l’autre, et ne devons-nous point t’en avoir de l’obligation lorsque tu nous rançonnes et vends une chose six fois au double ?

— En effet, continue un peintre, c’est une honte des abus que commettent les boulangers ; ils achètent le bled à bon prix et rencherissent tous les jours le pain de plus en plus. La police y devroit donner ordre10 et en chastier quelques uns pour donner exemple aux autres. — Cela ne va pas comme tes pein-


Change et sous le pont Notre-Dame. Ils avoient beaucoup souffert des inondations de la Seine de 1636 à 1641.

9. Pour ce mon, ça mon. Nous avons déjà expliqué le sens et l’origine de cette interjection.

10. Il y eut une Requête des bourgeois de Paris à Nosseigneurs de Parlement touchant la police des vivres, etc., par lequelle il est demandé que le pain soit taxé à six blancs, ou trois sous la livre de pain blanc, deux sous le moyennement bis, dix ou vingt deniers le bis. Un boulanger qui, loin de se soumettre à cette taxe, avoit refusé de vendre du pain à une pauvre femme, mourut les entrailles rongées