Page:Variétés Tome V.djvu/44

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de sang et de race, encore que leurs pères crient tous les jours des cotrets, pour quoy diable ne se vont-ils couper la gorge en honnestes gens, aux lieux que les plus braves courages font professions de se battre au beau milieu d’une place royalle3, à la veue de quantité de dames qui se rient à gorge deployée du desespoir quy les guide ? Que ne prennent-ils le chemin du Pré-aux-Clercs4, rendez-vous ordinaire de tous ceux qui sont las de vivre ? Ou bien, s’ils ont fait vœu de mourir sur le chemin de Pantin, que ne s’esgorgent-ils l’un l’autre aux plus proches avenues de Montfaucun, afin qu’on n’ayt point la peine de les y porter quand ils seront morts ?

Je reviens à vous, âmes lasches (parlant aux deux sieurs cordonniers). Gens sans honneur et mal apris que vous estes, vous dites du mal des personnes qui


presque nuds », et les marcandiers, ceux qui disoient avoir été volés, et qui, en menaçant d’une accusation le passant à la bourse duquel ils en vouloient, le faisoient ainsi chanter, c’est-à-dire payer. Marcandier signifioit aussi marchand.

3. Allusion aux duels fréquents dont la place Royale étoit l’arène, notamment à celui de Boutteville, qui avoit eu lieu en 1627.

4. Comme une partie de cette grande plaine commençoit alors à se couvrir de maisons, c’est seulement à l’extrémité, du côté de la Grenouillère (quai d’Orsay), qu’on pouvoit encore aller se battre. « Le comte et le baron, lisons-nous dans Francion, s’étant donc picquez, se retirèrent de la compagnie par divers endroits, et, ayant été passer le Pont-Neuf vers le soir, se trouvèrent presqu’en même temps au bout du Pré-aux-Clercs, où, estant descendus de cheval, ils mirent la main à l’espée. » (Hist. comique de Francion, 1663, in-8, p. 366.)