Page:Variétés Tome V.djvu/71

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Des œufs un aiment qui tenoit
Leurs pierres et les conjoingnoit.
Depuis, plusieurs s’en servirent
En leurs ouvrages, et refirent
Les vaisseaux et vases brisés.
Les paintres se sont advisés
De s’en servir en leurs paintures11
Et les doreurs en leurs dorures
Qu’ils font sur les livres12. On faict
Un vernis luisant et parfaict
Avec l’auben, qui donne grace
Aux tableaux, sans que tort il fasse
Aux couleurs, et se peut oster
Quand on veut, sans rien y gaster.
On en use en maints artifices ;
Les amants les trouvent propices
Pour mettre des lettres dedans
Et, malgré les mieux regardants,
Faire savoir à leurs maitresses
Leurs volontez et leurs detresses



11. Au moyen âge, lors même qu’on se servoit de l’huile et de la gomme pour la plupart des couleurs, il y en avoit quelques unes pour lesquelles on recouroit au blanc d’œuf. « Le vermillon, dit le moine Théophile, la céruse et le carmin doivent se broyer et s’appliquer avec du clair d’œuf. » (Diversarum artium schedula, liber 1, cap. 27.)

12. Dans les manuscrits, pour appliquer l’or, l’on s’étoit toujours servi d’un mélange de vermillon et de cinabre, broyé dans un clair ou blanc d’œuf. (Idem, cap. 31.) Quant aux relieurs, ils durent toujours faire usage du blanc d’œuf pour leurs dorures ; aujourd’hui encore ils ont soin de glairer préalablement la partie sur laquelle la feuille d’or doit être appliquée.