Page:Variétés Tome V.djvu/88

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

M. Renard15.

Vous ne repondez point aux choses que l’on vous demande.

M. Brillac16.

Je ne trouve point de sujet pour le condamner.

M. Pussort17.

Si vous ne le condamnez, vous n’estes pas amy de Caesar.



15. Conseiller de la Grand’Chambre, l’un des plus favorables d’entre les vingt-deux juges. C’est lui qui fut surtout frappé de l’aisance et du sang-froid de Fouquet. « Notre cher et malheureux ami, écrit Mme de Sévigné (2 décembre 1664), a parlé deux heures ce matin, mais si admirablement que plusieurs n’ont pu s’empêcher de l’admirer. M. Renard a dit entre autres : Il faut avouer que cet homme est incomparable ; il n’a jamais si bien parlé dans le Parlement. Il se possède mieux qu’il n’a jamais fait. »

16. Conseiller au Parlement et l’un des vingt-deux juges. Il vota pour le bannissement pur et simple, et repoussa avec vigueur l’idée du dernier supplice, auquel quelques uns vouloient condamner Fouquet. Son intimité avec les auteurs, qui presque tous étoient les protégés et, chose rare, les fidèles défenseurs du surintendant, fut peut-être pour quelque chose dans son indulgence. Il étoit surtout au mieux avec Racine, à qui, selon les Mémoires du fils, il apprit les termes de palais nécessaires pour sa comédie des Plaideurs.

17. Henri Pussort, conseiller d’État, oncle maternel de Colbert, et qui, bien que récusé tout d’abord par Fouquet, fut l’un de ses juges les plus acharnés. Quand vint son tour de donner son avis, il parla quatre heures « avec tant de véhémence, tant de chaleur, tant d’emportement, tant de rage, dit Mme de Sévigné, que plusieurs juges en furent scanda-