Page:Variétés Tome VI.djvu/192

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rante, dont en furent pris prisonniers quatorze ou quinze des principaux chefs et plus apparens ; plusieurs se sauvèrent, et fut pardonné à la temerité du seditieux populasse, bien qu’il n’y eust vieille qui n’eust rendu tout devoir à amasser et jeter pierres, ne se sçachans ayder d’armes plus nuisibles ; et fut chose digne d’une louable admiration de veoir des cœurs si esmeus et enflambez si soubdain convertis à pitoiable misericorde : car chacun s’efforçoit de conserver et garentir d’estre outragez ces pauvres idiots populaires ne donnant aucun lieu à cruauté ou vengeance.

Ce neantmoins, ceux qui s’estoient renfermez dans le cloché, dont estoit chef le moyne curé, persistoient en leurs entreprinses de branler tant le toxin qu’auroient secours d’autres mutins, pour mettre en pièces toute ceste innocente troupe qui persistoit à ouir la parole de Dieu, qui s’advançoit, et n’y eut autre remède, pour la confiance qu’ils avoient en la forteresse de leur cloché, de les faire cesser que par menace de mettre le feu au pied ; et ainsi print fin la dite esmotion ; environ lequel temps survient Guabaston, chevalier du guet, accompagné de sept ou huict chevaux5. Il restoit, l’exhortation finie, de conduire ce grand peuple sans deffence, et rendre chacun en sa demeure en la plus grande seureté que faire se pourroit, chose qui sembloit fort diffi-


5. Gabaston, « vaillant soldat », dit Pasquier, avoit été mis à la tête du guet de soixante hommes, qui, lors de la promotion du maréchal de Montmorency au gouvernement de Paris, avoit été créé « tant pour la sûreté de la personne