Page:Variétés Tome VI.djvu/191

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quand ils trouvèrent au bas du seuil de l’eglise leur pauvre frère si outrageusement assassiné et meurdry, selon que cy-dessus avons recité. En ceste première furie se presentèrent nombre de prestres et autres mutins embastonnez d’espées, rondelles, longs bois, gros pavez et arbalestres, faisans armes à toute outrance et cruelle resistence, qui dura toutesfois fort peu contre le courageux effort des autres, si que furent tantost espris de frayeur et crainte, dont une grande partie d’eux se sauvèrent dans le cloché, abandonnans laschement leur troupeau qu’ils avoient conduit et exposé à la tuerie et boucherie ; et entre autres prestres y avoit monsieur le curé, chef, conducteur et entrepreneur de la mutinerie, gagne le plus haut du cloché, dont avec ses complices ne cessa d’endommager les evangelistes, tant que les munitions qu’il avoit faites de longue main luy durèrent. Je ne puis passer sous silence une furie prodigieuse de certains prestres, enflammez de telle rage que, leur defaillant leurs amas de pierres fais dans l’eglise, montèrent sur les autels, et, de leurs propres mains brisans les images, qu’auparavant souloient tout reveremment adorer, se servoient des pièces à jeter contre leurs ennemis, chose toutesfois moins esmerveillable qu’il ne semble, veu que ceste furie leur est tournée en nature, car il seroit malaisé à juger s’ils estoient plus furieux et maniaques lors qu’ainsi irreligieusement brisoient la chose par eux tant honorée, ou quand ils adoroient choses si insensibles.

Or en ce conflit, qui dura une bonne demie heure, furent blessez des mutins environ trente ou qua-