Page:Variétés Tome VI.djvu/194

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une fauce alarme par aucuns qui se mirent en fuitte à vauderoute, pour avoir veu jeter quelques pierres en une ruelle et accourir grande troupe de populasse qui s’amassoit à les voir passer en ceste nouvelle ordonnance, comme le peuple parisien s’amasse aisement à la moindre nouveauté qui se presente ; mais, le tout soudainement rappaisé, fut chacun, par la grâce de Dieu, rendu en sa maison, et les prisonniers conduits au petit Chastelet : voylà le fait de toute la sedition à la pure verité, selon qu’il m’est passé devant les yeux7.

Mais je ne me puis contenter d’avoir si nuement narré une chose tant memorable, bien que j’aye quasi desjà attaint au but que je m’estois propose, comme ainsi soit que desjà assez evidemment apparoist de quelle part tourne le tort, et qu’on ne peut


7. L’affaire n’en resta pas là : requeste fut adressée au Parlement par les Catholiques « afin de leur estre faict droict sur les meurdres, emprisonnement, vols de chapes, calices et ornemens de l’église. » Juges sont nommés, l’un M. Gayant, conseiller catholique, l’autre M. Fumée, conseiller de la Religion ; mais les catholiques récusèrent le huguenot, et les Huguenots le catholique. On mit tout le monde d’accord en lacérant la requête et en ne donnant pas suite au procès. Les catholiques arrêtés furent relâchés ; mais, comme il falloit que quelques uns payassent pour tous, deux religionnaires, Cage père et fils, chefs, ou, comme dit Pasquier, « confanoniers de l’entreprise », qui avoient été assez tardivement « pris au corps », furent gardés, puis pendus, en même temps que, comme nous l’avons dit, l’on décapitoit Gabatton. (Pasquier, Recherches, liv. III, ch. 45, et Lettres, IV, 13.)