Page:Variétés Tome VI.djvu/195

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plus douter qui sont les premiers moteurs de la sedition. Je me licenciray donc plus outre de faire un brief discours de certaines circonstances bien dignes d’estre remerquées, par le moyen desquelles se decouvrira la source première, cause motive et origine de toute la sedition, et se descouvrira que c’estoit une entreprinse brassée de plus longue main que beaucoup ne pensent, et, apparoissant au vray le danger plus grand que n’en a l’apparence, aurons plus grande occasion de rendre grâces à l’Eternel, qui, par sa bonne et seure veille sur son troupeau, l’a delivré de la gueule gloute des loups ravissants qui avoient tendu leurs lacs pour le ruiner et devorer, et a fait tourner leurs machinations sur leur chef, en grande confusion. Il est donc à sçavoir que, trois ou quatre jours avant l’esmeute advenue, se faisant assemblée au mesme lieu du Patriarche, avoient comme de present sonné leurs cloches les prestres S. Medard à tout branle en mesme intention d’empescher d’ouir la parole de Dieu, et furent dès lors semons par plusieurs d’apparence de cesser un tel son extraordinaire, empeschement trop insupportable, ce que leur fut force de faire, pour la crainte qu’ils eurent, se voyans les plus foibles, d’estre contraints de ce faire par autre voye, le refusans par amitié ; qui leur fut de si dure digestion, qu’ils en conceurent tel crève-cœur que dès lors conspirèrent curé et prestres, d’un monopole, la première fois que là on s’assembleroit, de sonner tant que cordes pourroient tirer et cloches branler, et, pour festoyer ceux qui les en voudroyent empescher, se fortifièrent et se mu-