Page:Variétés Tome VI.djvu/213

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temps que j’ai vu notre illustre Balzac ; il ne se plaint plus de son rhume, comme il faisoit sur les bords de la Charante, et Botru ne lui reprochera plus qu’il se morfond à parler de lui même la tête decouverte5. Que nous apportez-vous de nouveau ?

L’abbé Furetière.

Je m’imagine que vous êtes dans l’impatience de sçavoir ce que fait madame Scarron ?

Scarron.

Je ne sçai que trop de nouvelles de ma Guillemette6. Le marechal d’Albret m’en a dit plus que je n’en voulois sçavoir7. Je sçai qu’elle est Duchesse, qu’elle a un Tabouret, qu’elle est même du Cabinet, et qu’elle rend au Roi les services que Livie rendoit à Auguste ; mais, la Vilaine qu’elle est, que ne faisoit-elle Duc son mari très marri ?

L’abbé Furetière.

À vous ouïr, il semble que vous avez perdu ici-


5. On sait que Balzac étoit de la plus solennelle vanité. Un jour, après avoir été malade d’un gros rhume, il vint faire sa cour à Richelieu, qui lui demanda s’il se portoit mieux : « Eh ! monseigneur, dit Bautru, qui étoit là, comment voulez-vous qu’il se guérisse ? Il ne parle que de lui-même, et à chaque fois il met le chapeau à la main : cela entretient son rhume. »

6. Sa femme. Il lui donne là le nom que portoit la petite levrette de sa chienne de sœur.

7. Le maréchal d’Albret alloit souvent chez Scarron, surtout lorsqu’il fut marié, et l’on sait qu’après la mort du poète cul-de-jatte, sa femme n’eut pas d’abord d’autre asile que l’hôtel d’Albret.