Page:Variétés Tome VI.djvu/265

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

c’est mon intention)18, et neantmoins vous ne sçauriez vous empescher d’un larcin punissable. Allez, gueuse, quand il m’en devroit couster cinquante escus, je vous feray pourrir en une prison. » La servante, toute esperdue par le moyen de la crainte de ces espouvantables menaces, eut de l’astuce parmy sa simplicité, quoy qu’elle fût saisie d’apprehension et d’estonnement. « Madame, dit-elle, vous baillez au maistre clerc chopine à dîner et chopine à souper. Aujourd’huy vous avez vous-mesme tiré chopine pour son dîner dans le pot de trois demy-septiers, lequel ayant negligé de transferer en un autre vaisseau, j’ay tiré dessus. Vous trouvez ce pot plain ; vous n’en sçauriez inferer autre chose sinon que j’ay accomply fidellement la charge que vous m’avez donnée. Pensez-vous, Madame, que je sois telle que vous dictes ? J’aymerois mieux estre morte. On


18. Les chambrières se plaignoient souvent du peu de libéralité des clercs, témoin celle qu’on fait parler dans les couplets suivants :

Aussi bien n’ai-je aucun profit,
—-Si ce n’est des savattes ;
Nostre maistre clerc est si vilain !
Fariron lanla, fariron lan lein.

Nostre maistre clerc est si vilain !
—-Aga, ma pauvre fille !
Il ne m’a encor rien donné,
Fariron, etc.

Il ne m’a encor rien donné,
—-Et si je le décrotte
Et lui empèze ses rabats.
Fariron, etc.

(Le Doux entretien des bonnes compagnies, 1634, chanson 57.)