Page:Variétés Tome VI.djvu/334

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tion, l’autre à un autre, bien que je confesse qu’il en demeure tousjours quelqu’un en chemin.

Le Marchand.

Pourquoy ?

Le Soldat.

Pource qu’il fasche beaucoup à aucuns de se remettre à travailler en leur mesnage après avoir gousté la licence de la guerre, et par ainsi, venans en oubly d’eux-mesmes et se bandans les yeux de la raison, se mectent à mal faire et ayment mieux voler et rober que retourner en leur première subjection7.

Le Marchand.

C’est pourquoy vous dites que la guerre ameine à sa queue tant de maux et inconveniens ?

Le Soldat.

Ouy.

Le Marchand.

Vous avez bien dit que ceux qui demeurent en chemin pour mal faire et continuer leur licentieuse vie ont les yeux de la raison bandez, car je sçay bien qu’il y a des gens de guerre signalez, lesquels n’ont dedaigné de laisser l’espée et leurs autres armes pour prendre en main les outils desquels ils gaignoyent leur vie avant qu’il feust bruict de guerre.

Le Soldat.

Je le sçay bien, et à la verité je me retire en ma maison, vers ma femme et mes enfans, pour en faire ainsi, combien que je ne sois des signalez.



7. Voir l’avant-dernière note.