Page:Variétés Tome VI.djvu/43

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rême. Prenant tousjours de quelque chose de nouveau, et principalement en ce premier jour d’année, il se monstre vaillant de vous faire paroistre son affection en son petit ouvrage, que vous recevrez, s’il vous plait, de la main de vostre mignard Herpinot, avec plusieurs beaux stances et sonnets vouez et desdiez aux pieds de vos autels, et par ce moyen vous vous apresterez à luy presenter les siennes de votre part, lesquelles il desire de recevoir avec une affection toute particulière, et autant sinsaire qu’amiable, comme il s’apert que ce n’est un homme lequel divulgue jamais l’amitié que les dames luy portent, et aime mieux leur dire quelques gaillardises en segret qu’en compagnie, comme, par exemple, par ce discours, qu’il presente aux dames de Paris pour leurs etrennes secrettement, comme une trompette qui sonne la retraite, car le sire Herpinot ne dit chose qu’il ne veuille bien que le curieux sache, parce qu’il s’en pourra servir en parfaite occurance. Voilà comme Herpinot se gouverne en ce subtil subjet, et ne croyez pas qu’il ressemble à une infinité d’amoureux, lesquels passeront cent fois par une porte où il y aura quelque fille de chambre, laquelle aura servy en chambre vingt ans pour le moins sans n’avoir nullement fait servir son lit, mais aura bien fait servir celuy du maistre4. À force de jouer à la


4. C’est ce qui arriva justement au dernier siècle à la nièce de messire Agnan, curé d’un bourg de Sologne. Une poularde, glissée par une main traîtresse entre les draps de son lit trop peu fréquenté, et qu’on n’eût pas retrouvée dans ce lieu désert si, au bout de huit jours, la poularde