Page:Variétés Tome VI.djvu/63

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bla plus expediant de m’aller lancer la teste première dans la Seine, ou m’escarbouiller18 le moulle du bonnet contre le paroy. Mais ce dessein fust bien tost rebouché par l’apprehension des cruautez que la justice exerceroit après ma mort sur mes miserables reliques19 ; et, descendant aux remèdes plus doux, je pensay s’il ne seroit point meilleur de prendre le sac et la besace et commencer une vie apostolique ; mais aussi tost je me resouvins des arrests de la court de parlement et de la Charité20, que j’avois veu


agréables de ce temps, etc., Ch. de Sercy (1661, in-12), en avoit eu le courage. Il avoit vécu pendant plusieurs jours de ses dents, arrachées une a une par un opérateur du Pont-Neuf.

18. Écraser. « Ez ungs, dit Rabelais (liv. 1, ch. 27), escarbouilloyt la cervelle, ez aultres rompoyt bras et jambes. »

19. Alors, en vertu de l’ancienne coutume, l’on confisquoit les biens de ceux qui s’étoient suicidés, l’on traînoit leur corps sur la claie et on l’attachoit à une fourche. (V. Somme rurale, liv. 2, tit. 34 ; et Beaumanoir, Coutumes du Beauvoisis, ch. 69.) On lit dans le Compte de recettes et dépenses de la ville d’Arras, année 1498, dont Monteil possédoit le manuscrit, un article relatif à une de ces exécutions faites sur le cadavre des suicidés : « Au dit Mathieu Leroux, varlet du guet...... lviii solz, viii deniers, quant Jehan Cabou, barbier, se désespéra en la maison de la Rosée de fer, et qui feust traîné à la justice et mis à une fourche de bois.» Montesquieu, dans la 76e de ses lettres persanes, s’indigne de ces cruautés, encore en pleine vigueur au XVIIIe siècle, contre les suicidés, et qui, écrit-il, « les faisoient mourir, pour ainsi dire, une seconde fois. »

20. Il s’agit ici, non pas de l’hôpital de la Charité, mais