Page:Variétés Tome VI.djvu/64

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prester quelques jours auparavant par deux sergens à un mandiant valide qu’ils despouillèrent en pleine rue jusqu’à la chemise inclusivement. Adonc succeda à cest advis un autre qui sembloit d’apparence plus salutaire : ce fust d’achepter un estat de coupeur de bources, voleur de nuict, ou de quelque autre


de la maison de la Charité chrestienne fondée rue de Lourcine, en 1578, par Nicolas Houel, pour servir d’asile aux soldats estropiés. Henri III ne prit pas seulement sous sa protection cet établissement, qui étoit en germe ce que fut plus tard, sous Louis XIV, la magnifique fondation des Invalides ; il fit de la maison du philanthrope Houel le chef-lieu d’un ordre militaire dont tout officier ou soldat glorieusement blessé dans les armées du roi faisoit de droit partie. Cet ordre avoit pour insigne une croix brodée sur le côté gauche du manteau, avec ces mots à l’entour, en broderie d’or : « Pour avoir fidellement servy. » Cette fondation de Henri III est de 1589 ; Henri IV la confirma par une ordonnance de 1597, décidant que, dans la maison de la Charité chrestienne, « seroient reçus, pansés et médicamentés (ainsy que les pauvres honteux de Paris) les pauvres gentilshommes ou soldats blessés pendant les guerres. » — Un passage de la satire 11e de Régnier, que personne n’a compris parceque tout le monde a voulu voir dans l’hospice de la Charité qui y est nommé l’hôpital de la rue Jacob, fait ainsi allusion à ces Invalides du temps de Henri IV. Le poète parle de Macette et de ses compagnes. Or, dit-il,

Or j’ignore en quel champ d’honneur et de vertu,
Ou dessoubs quels drapeaux elles ont combattu,
Si c’estoit mal de sainct ou de fiebvre quartaine ;
Mais je sçais bien qu’il n’est soldat ni capitaine,
Soit de gens de cheval, ou soit de gens de pié,
Qui dans la Charite soit plus estropié.

En 1606, quand la peste visita Paris, c’est dans cette