Page:Variétés Tome VI.djvu/77

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meux charlatans, il ne nous a pas voulu descouvrir tout le secret de l’art). Toutesfois, puisque la France est comparée à ces malades qui, pour l’estat deploré de leur santé, estoient exposés en public à la veue de tout le monde, au soulagement desquels il estoit permis à ung chacun d’apporter ce que l’art, l’experience, ou son bon sens naturel luy suggeroit de salutaire, il ne sera pas du tout hors de propos si soubs vostre bon plaisir et en toute humilité je prends la hardiesse de dire qu’en vain se travaille-on de remedier aux maux de ce royaume nisi causa morbi fugerit venis, et aquosus albo corpore langor ; si on ne retranche les pensions33, ne reduict les tailles et abolit les subsides et gabelles, ne supprime un tiers pour le moings de ce nombre effrené d’offices, et ne casse ou suspend pour cent ans le droict annuel34. Quelcun me dira que je ne dis rien de nouveau, et que pour estaller ung advis si trivial il ne falloit venir par de si longues traverses. J’ay bien encores autre chose à dire ; cependant il est à notter que les choses bonnes ne sçauroient estre assés inculquées,


33. Dans le curieux petit livret que nous venons de citer, il est aussi parlé (p. 9) de l’abus criant des pensions, dont la somme augmentoit tous les jours, et qui, après avoir absorbé le trésor du feu roi, mis en dépôt à la Bastille, consumoient toutes les ressources de l’impôt.

34. Sorte de droit de paulette que payoient chaque année les détenteurs d’office pour conserver leur charge à leur succession. On s’étoit fait une belle ressource par la création de cet impôt : « Les thrésoriers des parties casuelles, lit-on dans le Financier (p. 9), ont avancé quatre cent mille livres sur l’espérance du droit annuel. »