Page:Variétés Tome VII.djvu/119

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il poursuit comme si de rien n’estoit, et l’autre n’y prend pas garde le moins du monde. Or je dis qu’il n’y a rien de plus ridicule que cette sorte de sentimens cachez, pource qu’il n’est nullement probable que Leonce, par exemple, qui vouloit tuer Belissaire, fût si sot, dans une occasion comme celle-là, que de dire tout haut, à moins que de faire son coup à mesme temps : Lâche, que tardes-tu ? l’occasion est belle. C’estoit pour se faire decouvrir. En second lieu, quand il seroit assez fol, je demande pourquoy Belissaire, qui a si bien entendu tout ce qu’il luy a dit jusqu’icy, et qui entendra fort bien tout ce qu’il luy dira après, n’entend point ce vers icy aussi bien que les autres. Ces sentimens cachez, dites-vous, sont necessaires pour instruire l’auditeur ; mais, si l’auditeur les oit bien du parterre ou des loges, comment Belissaire, qui est sur le theâtre avec Leonce, ne les entend-il pas ? Qu’est-ce qui le rend si sourd à poinct nommé ? Y a-t il là aucune probabilité ? Il y en a si peu que ce n’est pas la première fois que cette sorte d’impertinence leur a esté reprochée33. Aussi, ayant dessein de ne leur porter que des botes nouvelles, c’est-à-dire de ne leur rien reprocher qui leur ait dejà esté objecté, pource qu’autrement cette matière s’etendroit à l’infiny, j’avoue que j’ay tort de m’arrester à une chanson qui leur a esté si souvent rebatue.

Voulez-vous rien de plus ridicule que leurs fins de pièces, qui se terminent toujours par une recon-


33. C’étoit l’opinion de La Fontaine, et l’on sait comment un jour, au milieu même d’une discussion à ce sujet, Boi-