Page:Variétés Tome VII.djvu/134

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sieurs autres recherches curieuses, du prix qu’Auguste et Mecenas donnoient à Horace et Virgile pour une epigramme ou une ode.

Le trebuchet52 des sonnets, ou Sçavoir si, supposé que les pistolles ne vallussent que huit francs, le sonnet ne vaudroit qu’une pistolle ?

Du prix et de la valeur des poëmes epique, elegiaque et dragmatique, et combien il faut de patagons53 pour faire la monnoye d’un sonnet. Ensemble un discours particulier des sonnets, où il est traitté du sonnet de province, du sonnet façon de Paris, et singulierement du sonnet marqué au coing du Marais. »

Comme Sylon avoit l’esprit vif et imaginatif au dernier point, il n’eust pas terminé si tost cette saillie, si son amy ne l’y eust obligé en l’interrompant : « Ma foy ! luy dit-il, vous verrez que le poëte fera tant de livres qu’il y mettra tout ce qu’il sçait, et qu’il ne luy restera plus rien pour ses apophtegmes. — Donnez-vous patience, vous en aurez, reprit Sylon ; qu’à cela ne tienne que vous ne soyez satis-



geoise de Lyon, 1767, in-4 ; Œuvres de Marot, édit. Longlet Dufresnoy, in-12, t. 3, p. 36.

52. C’est-à-dire la balance à mettre les sonnets, pour voir s’ils avoient le poids, comme les pistoles bien trébuchantes dont parle l’Harpagon de Molière.

53. Le patagon ou patacon étoit une monnoie d’argent en cours en Espagne, et de la valeur d’une once. De là vient, selon M. Francisque Michel, l’origine de la locution populaire sur la poudre de patagon, qui fait courir les filles après les garçons. (Études de philologie comparée sur l’argot, p. 314).