Page:Variétés Tome VII.djvu/148

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de noz anciens rois, pource qu’ils n’en tenoient compte21. La sixiesme sont les impositions et maletostes mises sur toutes denrées, et les tailles excessives imposées sur le peuple. La septiesme sont les guerres civiles de la France, qui ont mis le feu et la guerre par tout, apporté l’insolence et l’impunité de brusler et saccager et dissiper tout. La huictiesme est le haussement du pris des monnoyes. La neufiesme est la sterilité de cinq ou six années que subsecutivement nous avons eues22, avec la dissipation de la guerre, qui sont deux causes jointes ensemble depuis le dit temps.

Voilà toutes les causes, ou pour le moins les prin-


21. J. Bodin parle aussi du goût croissant pour les tableaux et du haut prix qu’on y mettoit : « Nous en avons, dit-il, de Michel-Ange, Raphaël Durbin, de Durel (Durer), et, sans aller plus loing, un de M. de Clagny (P. Lescot) en la galerie de Fontaine-Beleau, qui est un chef-d’œuvre admirable que plusieurs ont parangonné aux tableaux d’Appelles… C’est donc, en partie, ajoute-t-il, le plaisir des grands seigneurs qui fait les choses enchérir. »

22. Du Haillan, remarquez-le, écrit en 1586 ; or, en 1578, Malestroit se plaignoit de même, ce qui prouve qu’alors les années se suivoient et se ressembloient, c’est-à-dire étoient toutes désastreuses. Selon Malestroit, l’année 1578 avoit été tellement mauvaise qu’il eût été injuste d’évaluer d’après elle le prix courant des denrées. « Pour en faire le compte, dit-il, parlant des marchandises qui sont plus périssables, comme bled, vins, etc., il n’est pas raisonnable de nous fonder sur cette année, qui est la plus estrange et irregulière qui ait, par aventure, jamais été vue en France, que les bleds et vins ont esté quasi tous perdus, voire le bois des vignes et les noyers gelez. » (Les paradoxes