taigne son duc, et le Languedoc estoit detenu par les rois de Maiorque. Voilà quant aux païs maritimes. Les autres païs loing de la mer, comme la Bourgogne avoit son duc particulier, le Dauphiné son dauphin ; l’Anjou, le Poictou, la Touraine, le Maine, l’Auvergne, le Limosin, le Perigort, l’Angoulmois, le Berry et autres, estoient à l’Anglois ; et les autres duchez, comtez et seigneuries de la France, estoient tenus ou par les dits Anglois, ou par princes ou seigneurs particuliers, qui ne permettoient que les rois prinssent en leurs terres aucune chose que les devoirs ordinaires ; encores quelques uns les empeschoient de les prendre. Lors doncques il n’y avoit nul trafic sur la mer qui nous apportast en ce royaume l’or ny l’argent des païs estrangers, ains estoient les François contraints de manger leurs vivres et d’user entre eux de la première coustume des hommes, qui estoit de permuter avec leurs voisins à ce qu’ils n’avoient point ce qu’ils avoient, comme de donner du bled et prendre du vin.
Mais, pour revenir à ce que nous avons dit, qu’il n’y a que six vingts ans que la France est en la grandeur qu’elle a, nous n’irons point plus haut ny plus avant que ce temps-là, et redirons que, devant iceluy, les provinces cy dessus nommées n’estoient point aux rois de France, ains avoient les seigneurs que nous avons dit ; et les terres que noz rois tenoient en leur puissance estoient si tourmentées des guerres continuelles que tantost les Anglois, tantost les Flamans et tantost les Bretons, et tantost les divisions des maisons d’Orleans et de Bourgongne, fai-