Que luy veux-tu donner, ô Paris ! qui soit digne
De luy comme de toy ?
Mois gaillard, où d’accoustumance
On fait present d’un may2, quand il reprend naissance
Par un mouvement doux.
Quel arbre ou quelle fleur d’eslite,
Si les plus excellents ont voué leur merite
À sa digne vertu ?
Et pour une tierce couronne
Maint tortis de laurier pleinement environne
Ses temples3 et son front.
Le beau lys en son armoirie,
2. C’étoit en effet l’usage, mais il commençoit à se perdre alors. Au XVe siècle, personne n’y manquoit, pas un amant surtout. On lit dans le Sermon joyeux auquel est contenu tous les maux que l’homme a en mariage, nouvellement composé à Paris :
Quand vient le premier jour de may
À son huys fault planter le may,
Et le premier jour de l’année
Faut-il qu’elle soit estrennée.
Cette coutume galante avoit fait créer le joli verbe émayoler, qui se trouve dans ces vers de Froissard :
Pour ce vous veux, Madame, émayoler,
En lieu de may, d’un loyal cœur que j’ay.