Page:Variétés Tome VII.djvu/21

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estant d’une mesme partie, obtindrent de leurs maris permission, pendant ceste octave des Rois derniers, d’aller à des nopces près de Senlis2, desquelles par supposition elles s’estoient faict prier ; et, pour tant mieux jouer leurs rolles, sçachant bien que les uns et les autres ne pouvoient quitter la maison, supplièrent infiniment leurs maris de leur vouloir tenir compagnie, pour autant que c’estoient mariages de leurs plus proches parens.

Messieurs leurs maris, n’estant pas ignorans de l’alliance qu’ils pouvoient avoir ensemble, et d’autre part ne pouvant ny les uns ny les autres quitter leurs maisons, permettent à mes dames leurs femmes l’execution de leurs desirs, toutesfois ne se doutans de leurs finesses : car, autrement, je ne pense pas qu’ils eussent en façon quelconque permis à leurs très chères compagnes de leurs donner pour panache les caractes de Moyse.

Ceste permission obtenue, elles ne manquèrent d’en donner advis à leurs courtisans, lesquels à ce


2. Il se trouve dans les Caquets de l’accouchée, p. 217, une histoire à peu près pareille, où deux femmes, pour jouer un tour semblable à leurs maris, feignent d’aller non plus à la noce, comme ici, mais en pèlerinage. Dans les anciennes poésies françoises des XVe et XVIe siècles, publiées par M. A. de Montaiglon, se trouve, t. 3, p. 331–334, une chanson qui roule aussi sur une aventure du même genre, au moins par le scandale : Chanson nouvelle de certaines bourgeoises de Paris qui, feignant d’aller en voyage ès fauxbourg Saint-Germain-des-Prez, furent surprinses en la maison d’une maquerelle et menées en prison à leur deshonneur et confusion.