Page:Variétés Tome VII.djvu/28

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quelles ils estoient fort obligez de pourvoir, et que par ce moyen deux d’iceux sortiroient de ce tant venerable logis, et que le dernier, voyant que ses deux compagnons retardoient beaucoup à satisfaire à leur promesse (qui estoit de revenir trouver leurs compagnes), feroit en sorte de faire le fasché, et sortît semblablement du dit logis pour aller chercher les deux autres. Ce qu’ils firent si dextrement que mesdames les bourgeoises (tant elles estoient affolées) ne peurent en façon quelconque apercevoir la trousse8 que leurs nouveaux courtisans avoient envie de leur jouer. D’autre part, la dame matrone ne se mit pas beaucoup en peine de s’opposer à leur sortie, estant très asseurée du depost qui luy demeuroit, estant mesdames les bourgeoises assez solvables pour contenter à tout ce qu’elle desiroit, ou bien que leurs chaisnes d’or et bracelets demeureroient pour les gages.

Voylà donc messieurs les muguets esvadez du labyrinthe où ils s’estoient enfermez, pendant que leurs nouvelles maistresses sont logées sur Nostre-Dame-d’Esperance de les revoir bientost, comme ils avoient promis, et que leurs genests9 de charue mangent pour sivade10 une brasse de muraille. Deux jours se passent que ces freluquets ne retournent


8. Imposture, tromperie. Mairet fait dire à l’un des personnages de sa comédie, Le duc d’Olonne :

Indubitablement l’on m’a donné la trousse.

9. Chevaux de main, dont les plus fins venoient d’Espagne.

10. On sait que c’est un des noms de l’avoine.